Balade au creux de nous

Quand je t’ai vu autrefois,

J’ai dû m’y prendre à deux fois.

Mes yeux, pourtant réceptifs à toute activité,

Étaient légèrement obstrués.

Un tissu translucide couvrait mon œil vigilant,

Toi, t’étais nu comme un vers et tu dansais gaiement.

J’ai tout de suite succombé,

Devinant l’être attentionné que tu cachais.

J’en avais déjà touché bien d’autres avant toi,

Mais aucun n’avait suscité un tel émoi.

 

J’étais pas vraiment sûr de moi,

Mais je désirais tant me serrer contre toi.

Je voulais être conquérant,

J’étais surtout chancelant.

Ça tapait dans ma tête,

Je tournoyais comme une girouette,

Frémissant au moindre coup de vent,

Pouvant aussi retomber à tout moment.

Et à chaque effluve de ton odeur,

Je ressentais cette attirance avec torpeur.

 

Quand j’ai enlevé mon voile,

J’ai vu dans tes yeux les étoiles.

Je me suis approchée,

Pour ne pas te laisser filer.

C’était si naturel,

Ta peau contre la mienne.

Et nos cheveux qui s’entremêlaient,

Dans une danse endiablée.

Et de nos frottements incessants,

Nous avions le pouvoir d’arrêter le temps.

 

Lorsque je me lovais contre toi,

J’avais l’impression que nous devenions siamois.

Je m’enivrais de tes lèvres,

Elles pouvaient presque recouvrir tout mon être.

Nos étreintes n’avaient aucun égal,

Tant nos formes s’épousaient à l’idéal.

Je voulais souvent m’enfoncer en toi,

Tu me fis comprendre que ce n’était pas une fin en soi.

Bien sûr, ce pouvait être jouissif,

Mais il y avait tant d’autres parcours sensitifs.

 

Je ne t’en voulais jamais,

Lorsque de ta bouche, tu te mettais à cracher.

Et ce n’était pas un problème,

Si des fois, j’avais mauvaise haleine.

Mais alors que je te découvrais,

Tu avais parfois cette obsession de performer.

Heureusement, tu n’étais pas trop borné.

Tu as vite compris qu’entrer en moi, tout entier,

N’était pas nécessairement la clé.

Que le graal pouvait se trouver d’un autre côté.

 

Oui, c’est vrai, t’étais la première à toujours m’épauler,

Quel que soit le temps que je tenais avant d’exulter,

Il n’y avait aucune borne à ta loyauté.

Mais avoue que je faisais de mon mieux,

J’avais pas reçu l’enseignement joyeux,

Que tu m’as prodigué par la suite.

Je n’avais appris que l’éjaculation et la fuite.

C’est alors devenu si facile de me surpasser,

Lorsque de ton regard tu me couvrais,

Et que de ton amour tu m’entourais.

 

Maintenant, tout cela me semble loin.

Je te vois dans les moindres recoins,

Je te sens à chaque mouvement,

Te serrant contre mes vêtements.

Mais non, tu n’es plus là.

Je ne pourrai plus m’ouvrir à toi,

M’élargir à ton contact,

Te faire grandir dans nos merveilleux entractes.

Nous ne serons plus peau contre peau, serrés,

Car nos maîtres nous ont l’un à l’autre dérobés.

 

Moi, Afin de nous venger,

Je lui empêche de profiter.

À chaque instant qu’il tente de l’oublier,

Je fais la gueule comme jamais.

Si tu le voyais, je pense que tu rirais !

Il s’évertue à me faire bander,

M’astique comme si j’étais son petit jouet,

Mais moi, je fais la moue sans broncher.

Je n’en veux pas aux autres minois,

C’est juste qu’elles ne sont pas toi.

 

Oui, quelle bande d’abrutit,

Ils n’ont vraiment rien compris…

Je fais pareil de mon côté, tu sais,

Mais, contrairement à toi, on force parfois mon entrée.

En plus, j’ai même pas compris pourquoi ils s’étaient séparés.

Il me semble qu’eux aussi, s’aimaient…

C’est un tel gâchis,

J’te jure quand j’y pense, je me sens meurtrie.

Et mes larmes coulent, coulent sans cesse.

Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que sécheresse.

 

Je ne perds pas espoirs,

Il existe plusieurs trajectoires.

Peut-être, qui sait,

Décideront-ils de se retrouver ?

Ils se laisseront alors happer,

Et nous pourrons enfin nous câliner.

Ce moment mon amour,

Je l’attends tous les jours.

Je te serrerai à n’en plus finir,

Jusqu’à te faire éternellement jouir.

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